Le Komonò : une école de cirque en Gironde

Au lycée, je me suis découvert une passion pour la jonglerie. Lors de voyages à travers le monde, j'ai commencé à faire des spectacles avec mon acolyte Flako, puis petit à petit à développer des compétences transversales (écriture, jeu d'acteur...). Mais techniquement l'équipe pédagogique du Komonò est polyvalente, même si chacun a ses spécialités. Céline notamment est une circassienne atypique dans le sens où elle excelle dans toutes les disciplines.

Accueillante et bienveillante, notre but est que chacun se sente à sa place et puisse s'exprimer à sa manière. La force du collectif y est centrale et cela se ressent dans les spectacles.

Développer encore les projets EAC (Education Artistique et Culturelle) et notamment pour les plus précaires et les plus sensibles. Bénéficier de budgets pour les résidences et pour pérenniser le Festival. Peut-être créer un nouvel événement. Peut-être soutenir des jeunes compagnies en les accompagnant en production et en diffusion. Bref de nombreux projets sont en cours de réflexion, et c'est très stimulant !

Par l'intégration dans un collectif dynamique mais non compétitif, avec un objectif commun : la représentation. La pratique du cirque permet également une meilleure appréhension des risques (on y apprend notamment les parades) et favorise l'écoute, la coopération, la concentration. Enfin, elle stimule la créativité et la confiance en soi par l'appréhension de la scène.

Je pense que c'est la diversité des axes de travail du Collectif qui nous différencie. En effet l'ensemble crée un cercle vertueux pour l'école de cirque, chaque axe se répondant et se complétant. Ainsi de nombreuses passerelles entre pratique professionnelle et pratique amateur se dessinent avec par exemple des masterclass animées par les artistes accueillis en résidence et destinées à nos élèves. Certains jeunes les plus investis ont également la possibilité de se représenter au festival Teste à Têtes que nous organisons chaque année sur le terrain de l'école. Par ailleurs, nous sommes très sensibles à l'accès à la culture et à la pratique du cirque à tous les publics, notamment ceux qui en sont les plus éloignés. Nous avons en ce sens initié plusieurs actions EAC avec pour beaucoup d'entre elles un volet social (un projet avec les MNA de Camina, un autre avec les adultes handicapés du FO-FAM, ateliers cirque à la maison d'arrêt de Gradignan, avec les jeunes de la MECS ou encore ceux de Sésame Autisme ou de l'hôpital de jour Charles Perrens Biganos).

Il y en a eu pas mal, mais peut-être l'édition 2020 du Festival Teste à Têtes. Nous étions en pleine crise sanitaire. Il était vraiment difficile de se positionner et de projeter. Malgré le contexte, nous avons décidé d'essayer de maintenir une édition Hors Série. Pour cela on a fait quelques ajustements, on a pas mal négocié avec la mairie puis on a rédigé un protocole sanitaire solide qu'on a envoyé à la préfecture. Pendant trois semaines on a pas eu de nouvelles. On a continué comme si de rien était. Pour cette édition et afin de limiter les risques, nous avions prévu de ne pas proposer de restauration, mais d'inviter le public à venir avec leur pic-nic. La presse a fait des articles là-dessus. La Préfecture a conclu qu'on prévoyait un pic-nic géant. Le matin du premier jour, ils nous ont appelés pour nous dire que le Festival était annulé. On faisait gaffe, mais on était 40 sur le site. Tout était prêt. On a négocié sec avec la préfecture, on leur a expliqué que la presse n'avait pas relayé les bonnes infos et qu'on avait prévu ni teuf, ni apéro géant. Finalement, à 17h, ils nous ont dit que le pic-nic était interdit dans l'enceinte du festival (mais que les gens pouvaient pique niquer dans la forêt à 10 m de là !!!) et qu'on pouvait ouvrir. Une heure plus tard, le festival a commencé. C'était un peu fou, le simple fait d'organiser un petit festival cette année-là donnait l'impression de réaliser un acte militant. Finalement, ça a roulé nickel. Il y avait une super ambiance, les gens avaient vraiment besoin de se retrouver, de voir des spectacles, de couper un peu... et à notre connaissance, il n'y a pas eu de contamination...

Le Covid justement a été un gros défi. On a eu de la chance d'avoir démarré le projet un peu avant que ça commence. On était déjà structuré et un peu reconnu sur le territoire et puis on s'est battu. On a réussi à maintenir pas mal d'activités et à garder contact avec nos élèves. A part ça, au quotidien, il faut réussir à travailler avec les collectivités tout en gardant notre identité. Même si c'est pas toujours simple, jusqu'ici on se lasse pas de cette aventure. On s'entend bien, le collectif est solide, on avance tous dans le même sens.

En 2023, on a accueilli La Tendresse du Gravier, Carnage production, la Cie Patua, le Cirque Graphique, la Cie Kyem et il est vraisemblable qu'on accueille le Cirque Lambda. On fait ça sans budget, parce qu'on pense que c'est important de soutenir la création. Souvent ça permet de super rencontres. Il y a des artistes qu'on a commencé à accueillir en résidences et qu'on considère maintenant comme des supers copains : La Cie ZeC ou le Collectif Kaboum par exemple.

Cela peut se faire de plusieurs manières, les arts du cirque sont toujours un moyen ludique pour créer du lien et de la cohésion dans un groupe. Nous nous adaptons aux besoins et envie des entreprises qui viennent nous voir, à titre d'exemple nous avons déjà réalisé des olympiades du cirque, des ateliers d'acrobaties sur airtrack, des ateliers pluridisciplinaires. Nous pouvons par ailleurs mettre à disposition un espace de travail dans la yourte avec mobilier et écran, et proposer une prestation culinaire. Bref on s'adapte à toute demande pour créer un moment unique et convivial.

Pendant des années avec mon partenaire et ami Flako on a tourné avec un spectacle qui s'appelle "Se Cayò !". Lorsqu'un objet tombait, le public devait crier : "Oh Se Cayò !". Ça a permis de désacraliser la chute. Avec nos élèves, on essaie avant tout de les mettre en situation de réussite, de les valoriser, de les rassurer, de les complimenter. Même si on souhaite qu'ils proposent des choses qualitatives, l'objectif principal est surtout qu'ils s'épanouissent à travers le cirque.

Parce qu'on peut y être qui on veut, sans filtre. Nous nous attachons à accompagner chacun dans son envie, qu'elle soit de se professionnaliser dans la discipline, de briller sur scène ou juste de passer un bon moment.

Teste à Têtes c'est 3 jours de spectacles, animations et entre-sorts qui mêlent cirque et théâtre de rue. C'est aussi une plongée dans un univers décalé, grâce à une scénographie originale qui nourrit et appuie le propos artistique. Le but est que chacun y trouve sa place ! La programmation en spectacles frontaux est volontairement aérée pour laisser place aux conteurs, comédiens, marionnettistes, jongleurs, musiciens, et autres enjoliveurs de vie qui enchantent la forêt le temps d'un week-end. Cette année ce sera les 8, 9 et 10 septembre 2023 !