Fabio créateur et facilitateur de flow !

« Je suis très bricoleur. J’adore concevoir des solutions mécaniques fonctionnelles.» , avoue Fabio, lors de notre entretien.

Je pense sincèrement que j’apporte quelque chose. Je créé des agrès fonctionnels, durables et esthétiques.

J’ai commencé le diabolo quand j’avais 15 ans. J’ai très rapidement accroché avec cet objet qui me permettait d’être créatif et qui m’offrait une grande liberté de pratique de par la variété des techniques possibles. Je me souviens avoir passé des heures à m’entrainer dans ma chambre… à faire des traces au plafond… Puis j’ai commencé à côtoyer des amis jongleurs et à lancer un peu de balles et de massues. Mais je suis longtemps resté très centré sur le diabolo. 

En 2002 je pars m’installer et travailler à Tahiti, en Polynésie française. A cette époque et en ce lieu, impossible d’acheter ou de me faire livrer de la corde de diabolo. Je délaisse un peu mon premier agrès.

En 2006, un ami vient me rendre visite et me ramène une paire de poi de feu. Je trouve ça marrant mais ça ne me passionne pas. En 2010, je commence à voyager un peu en Asie du sud-est avec Olive (un très bon pote que j’ai rencontré en école d’ingénieur) qui, lui, pratique avec passion, est reconnu dans le monde des pois et commence à faire du multi staff (manip et jonglage). 
 
Du coup je me remotive à son contact mais je n’ai jamais vraiment accroché avec les poi. Et en 2012 je participe à la première « Pirate’s Retreat en Indonésie ». Et là c’est la grosse claque. C’est un évènement organisé par Jay Fire Cat qui connait tout le gratin des flow arts et rassemble un line-up impressionnant de teachers de très haut niveau. Là je découvre entre autres le contact staff. C’est là que j’ai chopé le virus des flow arts. 
 
 J’ai participé à de nombreuses éditions de la Pirate’s retreat qui devenait mon bol de flow arts de l’année. Après cet évènement, je retournais à Tahiti en ayant largement de quoi m’entraîner pendant un an. En 2014, j’achète mon premier dragon staff. Cette même année j’intègre « Te Mama Ahi » (« les enfants du feu » en Tahitien), une troupe de danse de feu traditionnelle. 
 
Là je commence à performer très régulièrement sur scène. Je me souviens avec une grande émotion de l’accueil que j’ai reçu dans cette troupe. J’étais le seul occidental. Et lorsque toute la troupe passait sur scène avec de la musique locale (percussions et ukulele) moi je choisissais plutôt des morceaux piano et violons! Le contraste amusait beaucoup Leon TEAI, le chef de troupe. Même si nous nous devions d’être toujours très professionnels, j’avais une grande liberté artistique sur scène. C’était génial ! 
 
En 2015, je rencontre Brett (aka Brettstargalactica) qui devient mon senseï de dragon staff et grand ami. Il est évident qu’il a influencé ma pratique et par conséquent le cours de ma vie au regard de mes activités actuelles. En 2016, je quitte la Polynésie pour revenir en Europe. Et je décide de voyager dans le monde et de me consacrer quasi exclusivement à mon penchant artistique. C’est à ce moment que je commence à m’entraîner très sérieusement et surtout à développer des concepts et techniques dans la pratique du dragon staff.

En 2001, J’ai obtenu un diplôme d’ingénieur en Génie Climatique et Energétique. En 2002, je pars m’installer à Tahiti. J’ai commencé par travailler comme chargé d’affaires et responsable de chantier dans le bâtiment. Puis j’ai monté un bureau d’études. J’ai aussi été professeur de mathématiques et de sciences physiques. Et enfin j’ai occupé pendant 8 ans le poste de responsable des services techniques de l’hôpital de Tahiti. 

 Ensuite j’ai fait ma crise de la quarantaine ! 

Je suis très bricoleur. J’adore concevoir des solutions mécaniques fonctionnelles. 
En 2016, je quitte la Polynésie pour revenir en Europe et je pratique le dragon staff tous les jours. Mais à l’époque les dragon staff d’entrainement disponibles sur le marché ne me conviennent pas. 
En septembre 2017, je design les spirales (qui sont maintenant devenues le logo de Flowbonacci)… mais initialement l’idée n’est pas d’en faire commerce. 
Bien au contraire, je souhaitais conserver ce modèle exclusivement pour moi et ainsi avoir une identité visuelle propre. Je réalise les premiers prototypes dans un FAB LAB à Bourges. Et je pars voyager. Iles Canaries, Australie, Chine, Thailande, Indonésie… Et à chaque étape, on me demande où on peut acheter ces objets. De retour en France en juin, je lance une première production, ça prend super bien et l’aventure Flowbonacci est lancée.  

Je pense sincèrement que j’apporte quelque chose. Je créé des agrès fonctionnels, durables et esthétiques (ça c’est subjectif, mais j’ai de bon retour sur ma recherche de design minimaliste). Mes clients sont contents du matériel qu’ils achètent chez Flowbonacci. Et puis la récompense ultime c’est de me poser dans une convention et de regarder des gens s’amuser avec mes créations. Parce qu’en réalité c’est la pratique qui décide de la qualité d’un agrès. 

C’est très variable. Lorsque je tournais avec Te Mama Ahi, je connaissais tellement mon numéro que j’avais même la liberté de regarder le public avec malice, j’avais l’impression que le temps pouvait s’étirer. Alors que lors de certains passages sur scène plus récents, la musique démarre et je suis entièrement absorbé par mon numéro… à tel point que lorsqu’il est terminé, j’ai la sensation que ça n’a duré que quelques instants! 
Avec les années de pratique, j’ai appris à gérer le stress, et d’ailleurs j’adore cette sensation. Mais je pense que le plus important sur scène c’est de prendre du plaisir. Ce sont des moments rares et précieux. C’est une fraction d’instant où je peux montrer ma pratique à un public. Pour moi, c’est une situation merveilleuse et privilégiée. Pour ce qui est de la compréhension même de l’état psychique, l’expérience m’a montré que certes la présence scénique et la dextérité peuvent être altérées par le stress mais que la scène peut aussi les transcender et amener à présenter le meilleur de soi-même. 
Et j’en profite pour recommander la lecture d’un ouvrage écrit en 1990 par Mihaly CSIKSZENMIHALYI intitulé « FLOW ». (Rien à voir spécifiquement avec les flow arts). Il traite de la psychologie de l’expérience optimale et de l’accès au bonheur qui en découle potentiellement. Et par beaucoup d’aspects, ce traité quasi universitaire peut répondre à ta question.

Grand débat qui pour moi n’en est pas un! Je pense que le monde des flow arts est encore très jeune. Et que comme tout adolescent, il se pense être différent et révolutionnaire. La maturité viendra… Plus sérieusement, il est pour moi impossible d’imaginer que le monde des arts fluides (j’aime bien traduire « flow arts ») soit dissociable du jonglage, du cirque et du monde du spectacle en général. Au même titre que tous les instruments mélodiques s’accordent sur des gammes de note connues et anciennes, les arts fluides vont s’inspirer de leur aînés et s’ancrer dans la grande tradition du spectacle scénique. 

Oui, je suis membre de l’APCCV (Association des Professionnels du Cirque de Valencia en Espagne où je réside) et je participe à ce titre à plusieurs spectacles et autres projets dont un qui me tient particulièrement à cœur : cette association est très impliquée dans le cirque social ; et dans ce cadre je donne des cours de dragon staff à des aveugles et des mal-voyants. C’est une expérience absolument passionnante et extrêmement gratifiante.